Devant les difficultés d’intégration liées à la crise des
sociétés occidentales, quelle place faire à la diversité culturelle ? Une
approche comparative entre l’Europe et le Canada tente d’apporter un éclairage.
La question de l’immigration ne cesse de susciter en Europe de nombreux débats au niveau social et politique avec une sollicitation des milieux de la recherche pour éclairer les diverses faces d’un problème complexe. La situation démographique de plusieurs pays d’Europe marquée par une stagnation et un vieillissement de la population rend nécessaire un recours à l’immigration afin d’assurer une réponse aux besoins du marché du travail. En même temps la situation de crise économique qui s’est développée depuis 2008 suscite des inquiétudes quant à l’insertion économique potentielle des immigrés et à la crispation des nationaux vis-à-vis de ce qu’ils perçoivent comme une menace. La montée en puissance des partis populistes dans l’ensemble de l’Europe témoigne de ces difficultés. La question de l’intégration des immigrés et de leurs descendants se pose aussi avec acuité. Que les politiques d’intégration aient été inspirées par le modèle républicain à l’œuvre en France ou par le modèle multiculturel expérimenté au Royaume Uni et dans divers pays nordiques, elles ont eu un niveau de réussite limité et elles doutent de leur bien fondé face à la persistance d’un taux de chômage très élevé chez les descendants des immigrés, de phénomènes de concentrations résidentielles qui vont en s’aggravant et de poussées de violence urbaine imprévisibles et signes d’une crise de la sociabilité et de la citoyenneté.
Face à cette situation, le Canada offre un tableau différent. L’immigration y est pensée comme un facteur de développement du pays. Un Canadien sur six est né à l’étranger. A Toronto 40% des habitants sont nés à l’étranger; la proportion est de 21% dans la région métropolitaine de Montréal, et l’immigration contribue dans une proportion de 50% à la croissance démographique du pays et dans des proportions voisines à sa croissance économique. Si les conflits violents entre nationaux et étrangers sont relativement rares, on observe pourtant des phénomènes préoccupants d’exclusion sociale touchant les immigrés et leurs descendants. Il convient donc de questionner l’apparente réussite de la politique canadienne en matière d’immigration et d’intégration. La sélection de la population immigrée à partir d’un système de points est-elle la clé du succès ou a-t-elle des failles et des effets pervers ? Le multiculturalisme inscrit dans la constitution du pays, critiqué aujourd’hui sur les deux rives de l’Atlantique a-t-il été un facteur d’intégration citoyenne ou un simple moyen de faire cohabiter des populations de culture différente en réduisant au maximum les contacts entre elles ?
Les questions à discuter entre chercheurs peuvent se regrouper en quatre grandes thématiques :
• Politiques publiques en matière d’immigration et effets de leurs principales options sur les potentialités d’intégration
• Territoires, travail et communauté politique: défis et transitions liés à la gestion de la diversité culturelle dans le domaine du travail et dans le domaine politique.
• Urbanité et concentration ethnoculturelle: atouts économiques, plus-value culturelle ou tensions sociales?
• Mise à l’épreuve des modèles d’intégration